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DE QUOI PARLE-ON ?    

La cible à traiter : Les affections ostéo-articulaires, mal du siècle ?

Les affections ostéo-articulaires (douleurs d’origine articulaire, tendineuse ou musculaire) représentent la première cause mondiale de restriction d’activités (Rapport OMS 2017 (1)). Elles représentent la première source d’arrêt de travail en Europe (3). L’enjeu du traitement est d’éviter que les douleurs ne perdurent. Pour optimiser la guérison il est d’abord nécessaire d’avoir un diagnostic précis et un examen complémentaire de référence.

QU’ EST CE-QUE LE PRP ?

Le plasma riche en plaquette (P.R.P.) est issu d’un prélèvement sanguin standard de votre sang. Il contient une concentration élevée de plaquettes (cellules du sang impliquées dans la cicatrisation) et de protéines agissant durablement sur l’inflammation.  La procédure est expliquée plus bas.

Le PRP, plasma riche en plaquettes, qu'est-ce que c'est ?

Figure : ce que contient une plaquette

POURQUOI INJECTER DU PRP ?

L’injection de P.R.P.  favorise la diminution des douleurs, mais d’un taux imprévisible d’un patient à l’autre.  Les effets anatomiques sur les tissus injectés sont encore à l’étude. Si une disparition de l’inflammation du tendon ou du cartilage est souvent obtenue, l’analyse anatomique montre qu’il ne s’agit pas pour autant d’une « remise à neuf ». Cependant le P.R.P. reste un outil thérapeutique d’intérêt car inoffensif et susceptible de participer à la récupération de la fonction du membre atteint.

QUELS TISSUS INJECTER ET QUAND ?

Tout tendon, muscle ou articulation peut en théorie recevoir du P.R.P. La fluctuation du niveau d’efficacité de l’injection P.R.P. reste encore incomplètement élucidée. Il appartient donc au médecin spécialiste d’étudier votre éligibilité ou non à cette technique, puis de la placer au bon moment dans la prise en charge. En effet, de façon générale il est recommandé de débuter par les traitements non invasifs (comprimés, topiques) et la kinésithérapie les 3 premiers mois (à l’exception des échéances sportives de la filière haut niveau et dans certains cas).
Les tendons : L’analyse des publications scientifiques souligne une amélioration notable des douleurs et de la fonction dans les tendinopathies chroniques (> 3 mois) du coude, de rotule, d’Achille et les aponévrosites plantaires. (4–6)
Les articulations : La diminution de la douleur et l’amélioration de la fonction sont fréquemment observées dans l’arthrose du genou (débutante ou modérée) (7). La durée d’efficacité est aléatoire et les études encore nécessaires sur le sujet. Les résultats semblent plus aléatoires pour la cheville et la hanche.
Les muscles : Les cicatrices fibreuses de lésions musculaires peuvent être infiltrées si gênantes. L’accélération du retour au sport après injection de P.R.P. dans la blessure n’est pas prouvée (8).

DÉROULEMENT D’ UNE SÉANCE D’INJECTION DE P.R.P

  • Le consentement éclairé du patient est recueilli par écrit.
  • La procédure est intégralement effectuée en consultation sous contrôle échographique.
  • On réalise d’abord une ponction veineuse dans un tube stérile.
Injection de PRP : séparer les globules rouges du plasma
  • Ce tube prélevé est ensuite centrifugé pour séparer les globules rouges du plasma à l’aide d’un kit stérile issu du commerce (normes et traçabilité exigées).
  • Votre plasma est extrait de la centrifugation en conditions d’hygiène stricte
Injection de PRP, plasma riche en plaquettes
  • L’injection de PRP est effectuée dans la fissure tendineuse, la lésion musculaire ou l’articulation sous contrôle échographique.

QUELLES SONT LES COMPLICATIONS POSSIBLES ?

Toute intervention sur le corps humain, même conduites dans des conditions de compétence et de sécurité maximales, comporte un risque de complication notamment infectieuse.

QUELLES PRÉCAUTIONS DEVEZ-VOUS PRENDRE AUTOUR DE CETTE PROCÉDURE?

Avant le geste
L’éventuelle prise d’anti-inflammatoire oraux doit être interrompue 2 jours avant le geste pour limiter les interactions avec l’injection pour un meilleur résultat. (Maintenir les fluidifiants sanguins).

Après le geste
Il est recommandé de peu solliciter le membre en cause pendant les 48h qui suivent l’injection.
En cas de douleurs après le geste, la prise d’antalgiques est autorisée, les anti-inflammatoires ne sont pas recommandés pendant 2 semaines.

A domicile
Un repos est conseillé pour une meilleure efficacité de l’infiltration donc l’effet ne se manifestera qu’après quelques jours.
En cas de fièvre ou de douleur importante dans les jours suivant l’infiltration (possibles signes d’infection), il est important de contacter immédiatement votre médecin traitant ou le cabinet du médecin injecteur.

L’ESSENTIEL A RETENIR

L’injection de P.R.P. ouvre une porte intéressante sur le contrôle biologique de l’inflammation cartilagineuse ou tendineuse. Les témoignages de praticiens et de patients plaident pour un service rendu notable en termes de diminution des douleurs et d’amélioration de la fonction dans ces affections. Les études de haut niveau de preuve ont récemment mis en avant leur place dans la pathologie tendineuse. Cela reste à définir pour le versant articulaire, ce qui incitera le praticien à étudier individuellement chaque cas, le rapport bénéfice risque étant très souvent favorable.

QUESTIONS FRÉQUENTES DES PATIENTS

Le tendon doit-il obligatoirement présenter une fissure pour que le PRP fonctionne ?Non. L’inflammation chronique du tendon chance son architecture et le rend moins malléable, plus sec. Gratter ce tendon et injecter du PRP permet de relancer une vascularisation plus propice à diminuer son inflammation et améliorer sa fonction.

Combien de temps cela sera efficace ?
Difficile de répondre. Il existe une très grande variabilité inter-individuelle liée au fait que les lésions sont différentes. De plus le vécu douloureux est lui aussi très variable dans son évolution à terme.

Le PRP fait-il mieux que le gel d’acide hyaluronique pour les articulations ?
A ce jour, aucune étude ne prouve la supériorité d’un traitement par rapport à l’autre.

Si on ne répare pas mon articulation ou mon tendon, les douleurs vont revenir ?
L’intérêt du P.R.P. est de diminuer le retentissement douloureux pour que le patient puisse se réapproprier son articulation ou tendon. La prise en charge rééducative en aval permettra de prolonger l’efficacité.

Est-ce considéré comme un produit dopant ?
Le P.R.P. est une technique autologue mais sans « capacitation » du produit sanguin. Le but est de restaurer la fonction pour retour au niveau antérieur et non permettre son optimisation. Pour ces raisons, le P.R.P. est donc autorisé par l’agence mondiale anti-dopage.

Existe-t-il des contre-indications à l’injection ?
La tolérance de l’injection est excellente. Il n’y a pas de terrain à risque. Si le site de l’injection est suspect de processus infectieux ou tumoral l’injection ne sera pas réalisée. Par précaution, les injections sont à éviter sur les périodes de grossesse (aucune donnée sur le sujet). Le maintien des médicaments fluidifiants sanguins est conseillé si doute (nous consulter), et n’entrainera pas de mise en danger lors de l’infiltration.

Combien d’injection sont nécessaires ?
Il est difficile de répondre à cette question vu l’hétérogénéité des profils d’atteintes rencontrés et des protocoles mis en places. Notre attitude est de faire un point systématique à un mois après une injection unique. Une nouvelle injection peut être proposée selon l’évaluation.

Quelles sont les modalités de remboursement ?
Au même titre que la viscosupplémentation, ce dispositif ne peut être pris en charge par la sécurité sociale, tiers payant compris (ALD, AT, Maladie professionnelle). Se renseigner auprès de sa mutuelle santé.

COMMENT FAIRE EN PRATIQUE ?

Si une injection de PRP a été retenu pour vous, en pratique il faut prendre contact avec le Dr Segretin ou un de ses collaborateurs (05 35 54 43 21). Il consulte au centre de l’arthrose.

Auteur :

Docteur François SEGRETIN (Service de Médecine Physique et Réadaptation, Clinique du sport de Mérignac)

Docteur François Segretin : orthopédiste
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